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Dans nos articles des 5 et 7 avril dernier catégorie "International" nous avons évoqué la situation en Russie et le projet de rassemblement international le 7 mai à Genève à l'occasion de la réunion de la convention de Rotterdam.Dans cette attente l'ANDEVA a interpellé l'ambassadeur de Russie: Paris, 15 Avril 2013

Lettre et demande d’entrevue

Nous souhaitons attirer votre attention et solliciter une entrevue à propos des faits suivants.

La Convention de Rotterdam, organisme sous l'égide des Nations-Unies, se réunira du 7 au 10 mai 2013 à Genève. La Fédération de Russie siègera pour la première fois parmi les parties, ayant ratifié ladite convention en avril 2011.

Un des points majeurs de la réunion est l'inscription à l'«Annexe III» dans la liste des produits dangereux, de l'amiante chrysotile – variété d'amiante représentant plus de 95% de l'amiante commercialisé dans le monde et également cancérogène.

La «Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l'objet d'un commerce international» a pour buts officiels  :

«d'encourager le partage des responsabilités entre Parties [Pays] dans le domaine du commerce international de certains produits chimiques dangereux, afin de protéger la santé des personnes et l'environnement contre des dommages éventuels;

Contribuer à l'utilisation écologiquement rationnelle de ces produits chimiques dangereux en facilitant l'échange d'informations sur leurs caractéristiques, en instituant un processus de prise de décisions applicable à leur importation et à leur exportation [..]»

Une «Annexe III» définit la liste des produits dangereux pour lesquels une procédure d'information préalable à l'importation est nécessaire. Toutes les variétés d’amiante figurent sur cette liste sauf le chrysotile, qui représente plus de 95% de l’amiante dans le monde. Il est urgent de corriger cette aberration.

Nous savons cependant que les industriels de l'amiante russes sont opposés à l'inscription de l'amiante chrysotile à l'Annexe III.

En effet officiellement le Ministère de la santé et l'Académie Nationale des sciences médicales de l'Ukraine, l'Académie  des sciences médicales de Russie et l'Institut de recherche sur la santé au travail (FSBI) ont organisé les 21 et 22 novembre 2012, à Kiev,  une conférence internationale intitulée «Amiante chrysotile : gestion et évaluation du risque», en fait l'organisation provenait des industriels de l'amiante. On y retrouvait les « experts » de l'industrie de l'amiante canadienne, brésilienne et russe. Le premier exposé, suivant l'ouverture officielle de la conférence, concernait la Convention de Rotterdam et les considérations pour l'inclusion de l'amiante chrysotile dans la liste des produits dangereux. Le programme et la liste des participants rendaient transparent le but : affirmer que le chrysotile, tel qu'il est utilisé aujourd'hui n'est pas nocif pour la santé, et qu'il est donc justifié que la Russie s'oppose à son inscription. Sans surprise, la Conférence des industriels a adopté une résolution concluant que les données scientifiques actuelles  ne permettent pas de d'affirmer que l’amiante chrysotile soit cancérogène et qu'il serait donc prématuré d'inscrire l’amiante chrysotile  sur la liste de produits dangereux.

L'organisation et le contenu de la conférence sont clairement grotesques si on les met en regard des conclusions de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer, de l'Organisation Mondiale de la Santé, du Bureau International du Travail, de l'Organisation Mondiale du Commerce et de la Banque Mondiale et des positions des sociétés d'épidémiologie du monde entier et de l'Union internationale contre le cancer, pour ne citer qu'eux.

Nous savons que les industriels de l'amiante russe sont opposés à l'inscription de l'amiante chrysotile à l'Annexe III; ils suivent en cela la ligne des industriels canadiens qui depuis des années avaient oeuvré pour que le gouvernement canadien piétine la morale et la santé publique en s'opposant à l'inscription de l'amiante chrysotile à l'Annexe III. Le gouvernement canadien a récemment annoncé, par l'intermédiaire de son ministre de l’industrie, qu'il renonçait à s'opposer à l'inscription de l'amiante chrysotile à l'annexe III.

L'amiante est un matériau extrêmement dangereux : l'Organisation Mondiale de la Santé estime que plus de 100 000 personnes par an meurent d'une maladie liées à l'amiante et recommande l'élimination de l'utilisation de l'amiante; ce point de vue est partagé et renforcé par l'ensemble des organisations scientifiques et internationales touchant à la santé publique.

La France a importé plus de deux millions de tonnes d'amiante en provenance de du Canada et plus d'un million de tonnes d'amiante en provenance de la Russie avant d'interdire ce matériau le 1er janvier 1997. Notre association de victimes est particulièrement bien placée pour connaître les ravages de ce cancérogène.

La Russie est le premier producteur d'amiante mondial (50% de la production mondiale) et de loin le plus grand exportateur (67% des exportations mondiales). Cela ne doit pas faire oublier à votre gouvernement que :

• Les impératifs de santé publique – concernant tant la population russe que les pays importateurs de chrysotile – doivent prévaloir sur les considérations commerciales; votre pays a par exemple pris récemment des mesures louables concernant la consommation d'un autre cancérogène, le tabac;

• Une conférence pro-amiante chrysotile patronnée par l’Académie Russe de Médecine et l’Institut de Recherche en Santé au Travail ne donne pas une très bonne image de la science russe, qui mérite beaucoup mieux que cela.

• La Russie est l’hôte des jeux olympiques d’hiver l’année prochaine (et de la coupe du monde de football dans un peu plus de quatre ans), saboter une convention internationale visant à préserver la santé des travailleurs et citoyens du monde entier, serait en contradiction avec l’esprit olympique.

• Un soutien du gouvernement russe aux industriels de l'amiante russes, soutien qui exigerait que l'on cache aux pays en développement les dangers du chrysotile donnerait une image désastreuse de sa politique internationale.

Nous vous demandons bien sûr d’intervenir, si besoin est, auprès de votre gouvernement pour qu'il ne s’oppose pas à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux prévue à l’Annexe III de la Convention de Rotterdam.

Nous souhaitons vous rencontrer dans les plus bref délais pour vous exposer plus en détail ces faits, et sollicitons auprès de votre excellence une entrevue.

Avec l'assurance de notre haute considération, veuillez agréer, votre excellence, l'expression de nos respectueuses salutations.

 Pierre Pluta, président de l’ANDEVA

 

 

 

 

   

 

Concernant l’amiante et la Convention de Rotterdam

À son excellence Monsieur Alexandre Orlov

Ambassadeur extraordinaire et Plénipotentiaire de Russie en France

Ambassade de la Fédération de Russie

40-50 Boulevard Lannes

Votre excellence

Tag(s) : #L'international
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